Je porte mon intervention là où le paysagiste est urbaniste, pour participer à la conception et la construction des territoires de demain. Le passage du territoire à la ville, du quartier à la place, au jardin, une pratique des Choses à la Georges Perec, qui permet de resituer le projet dans un ensemble intelligible, pour élaborer des réponses justes, appropriées et inscrites dans une approche globale d’espaces à vivre, utiliser, user.
C’est travailler « à l’attention de » et non « dans l’intention de » dans un contexte où l’aménagement de nos territoires doit relever le défi de la densité bâtie, de la multiplicité de fonctions, mais surtout le défi de construire à partir du paysage et avec le paysage. L’enjeu est de taille car c’est remettre au cœur de la conception et de la vie des espaces urbains et ruraux la connexion au sol, au pas, à la beauté. Le végétal est une composante de ces espaces mais ce n’est pas tout. C’est un travail sur le vivant dans son ensemble.
Mon intervention sur le vivant se décline autour de trois thématiques :
- « Pour qui ? » l’humain : je travaille à partir du vécu, de l’histoire, de la géographie d’un lieu, pour des gens qui vont vivre dans des espaces, se déplacer, se balader, s’asseoir, jouer …
- « avec qui » : je fais le choix de travailler avec des architectes, ingénieurs, sociologues, environnementalistes, urbanistes… parce que le paysage est le résultat de regards et d’approches croisés.
- « avec quoi « , avec la matière, celle de l’aménagement, les matériaux, le végétal. Le paysagiste a la particularité de mettre en scène la matière, les couleurs, les odeurs, les volumes qui changent au fil du temps et des saisons créant des ambiances différentes qui étonnent, inspirent… .
Mes champs d’intervention
Les études grand paysage ou comment remettre le paysage au cœur de la planification urbaine
L’intervention du paysagiste au sein d’études réglementaires s’inscrit dans un périmètre issu d’un découpage administratif, politique et économique. Parler de paysage c’est dépasser cette approche qui reste légitime et « cadrante » pour intégrer à l’aménagement du territoire une autre dimension, tout aussi importante car elle fait partie de l’attractivité des territoires.
C’est montrer que ce qui est sous nos yeux tous les jours, ce « décor », est issu d’un travail lent de façonnage, de transformations ayant comme socle une géographie, des cycles d’occupations humaines.
C’est montrer que nous sommes tous acteurs au cœur de ce système dynamique au sens temporel du terme. Tout choix d’aménagement du territoire a un impact, une conséquence et crée du paysage : construire des quartiers crée une forme et donc un paysage urbain, implanter une zone d’activité, un bâtiment agricole se voit dans le paysage, remembrer modifie la diversité culturale et végétale…etc…,
C’est montrer pour mieux comprendre, partager et débattre autour de visions différentes et souvent contradictoires pour mieux définir des enjeux d’urbanisation, de préservation
Les études urbaines, ou le paysage comme élément de composition urbaine
Construite un nouveau quartier, recomposer un quartier existant ne se fait pas uniquement avec l’acte de construire mais avec un rapport au sol, à la topographie qui dessinent le lien avec l’espace non bâti, avec l’acte de d’utiliser, d’user, d’arpenter, de circuler.
Aborder la composition urbaine avec le paysage c’est poser le postulat de la beauté urbaine comme socle d’un urbanisme réussi, avec l’intégration d’une autre dimension aux fonctions premières d’un quartier, celle d’une « mise en scène » intégrant les contrastes, les vues, les rapports d’échelle différents, comme outils au service d’une appropriation, d’une appartenance à un lieu de vie : s’étonner au détour d’une rue, « tomber » sur un jardin, être relié au territoire par une vue fabrique aussi la ville
La maîtrise d’œuvre d’espaces publics
La conception d’espaces publics à arpenter, utiliser, s’approprier, c’est à la fois s’ancrer au lieu pour mieux transporter ailleurs, avec ce pouvoir qu’a la composition spatiale et végétale d’évoquer, imaginer tout en ayant les deux pieds au sol, le vision à portée des yeux , le nez côtoyant des odeurs familières étrangères.